Xynthia, et soudain la tempête déferla Xynthia est, à l'origine, une tempête hivernale anodine dont les vents affichent des valeurs
Comment un fort coup de vent hivernal a-t-il pu provoquer une catastrophe aussi meurtrière ? Pourquoi la France a-t-elle été plus durement touchée que ses voisins ? Comment tirer les leçons de ce drame? Les réponses des experts, la polémique sur l'urbanisation des zones inondables et un reportage dans les deux villages victimes de cette tragédie.Une tragédie humaine d'une violence fulgurante, un désastre économique qui dépasse le milliard d'euros. En quelques heures, Xynthia, tempête hivernale quasi banale, s'est muée en une catastrophe naturelle d'envergure imprévue. Une tourmente insensée érigée en meurtrière dès lors qu'Eole et Neptune ont conjugué leurs forces en un temps aussi bref que limité dans l'espace.
Au cœur de la nuit de samedi à dimanche derniers, la façade atlantique a vécu, durant quelques heures seulement, les assauts mêlés du vent, d'un océan en furie exacerbé par un fort coefficient de marée et des pluies diluviennes. Quelques heures qui ont suffi pour ravager le littoral de deux départements - la Charente-Maritime et la Vendée - et pour que La Faute-sur-Mer et L'Aiguillon-sur-Mer, paisibles stations balnéaires, entrent dans la tragédie.
L'Aiguillon-sur-Mer, dimanche matin. La station balnéaire est noyée sous les flots salés. L'architecturedecet habitat traditionnel de petits pavillons sans étage s'est transformée en piège : l'eau est montée si vite que nombre de résidents sont restés coincés à l'intérieur et ont péri noyés. (Regis Duvignau/Reuters) Près de 60 morts en une nuit infernale qu'il sera difficile, impossible, d'oublier. Avec ces scènes invraisemblables de maisons submergées jusqu'au toit, de quais volatilisés, de routes escamotées, de bateaux de plaisance escaladant les quais, alors que les automobiles stationnent sur les plages. C'est encore l'île de Ré, coupée en trois comme elle l'était originellement. C'est aussi le chaos économique annoncé, avec La Rochelle et son port des Minimes détruit à plus de 50 %, ses restaurants aux façades pulvérisées. Mais les métiers de la mer sont les plus directement frappés. En première ligne, les ostréiculteurs, dont les parcs à huîtres étaient déjà durement touchés par un virus depuis deux ans. Sans oublier les conchyliculteurs et les pêcheurs aux embarcations fracassées. Et les milliers d'hectares agricoles noyés sous l'eau salée ou les marais salants de Guérande, submergés. En 1999, lors des tempêtes du siècle, Lothar (26 décembre) et Martin (27 décembre), le rapport établi par RMS (Risk Management Solutions) avait chiffré pour la France les pertes à 14,2 milliards d'euros (dont la moitié en pertes assurées).La comparaison avec la double tempête du siècle (le XXe) ouvre bien des interrogations. En 1999, Lothar et Martin avaient causé en France la mort de 92 personnes. Mais il s'agissait alors de deux véritables ouragans tropicaux, avec des vents d'intensité bien plus forte (près de 200 km/h contre 150km/h). Nés en Atlantique Nord, Lothar et Martin avaient dévasté l'ensemble du territoire français, obligeant à déclarer l'état de catastrophe naturelle dans 69 départements (4, sans doute, aujourd'hui). Quant à Xynthia, qui, phénomène inhabituel, a pris naissance près des Açores, elle s'est déplacée selon un axe sud-nord Portugal-Danemark touchant l'Espagne, la Belgique, la Hollande et l'Allemagne. Pour l'ensemble de ces 6 pays, on dénombre 5 morts et assez peu de dégâts. Des faits qui interpellent. Le temps du deuil passé, les vraies questions vont se poser. Et les forces de la nature ne seront pas les seules coupables désignées. Les victimes de cette tragédie ont droit à la vérité.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/03/05/01016-20100305ARTFIG00613-xynthia-et-soudain-la-tempete-deferla-.php
No hay comentarios:
Publicar un comentario