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sábado, 5 de abril de 2008

SYBILLE 1. LA NAISSANCE D´UN RAYON D´ESPOIRE



1. LA NAISSANCE


D´UN RAYON D´ESPOIRE

La pluie tombait sur Paris, une pluie républicaine pleine d’embouteillages. Une pluie avec la grippe. Oui...parfois la pluie a la grippe mais seulement à Paris.
Je l´ai vu arriver au milieu de la foule. J’avais pris rendez-vous avec elle et je l´attendais.
Elle était la propriétaire d´une galerie d´art et elle peignait aussi des toiles. Elle a toujours été mélangée avec l´art, dans le nombril de l´art d’une planète, probablement dans le quartier des artistes à Paris. J´étais venu pour la voir et organiser dans sa galerie une exposition d´un peintre.
Oui, elle est une artiste. Ça se voit. Bon...je suis habitué à les reconnaître.
Elle a une transparence dans ses jolis yeux qui peut faire tomber un morceau d´un nuage. Elle a un esprit de lumière que chauffe la lune. Elle n´a pas d´âge, elle a une vie, et je pense que j´ai vécu à ses cotés dans une vie passée, pourquoi pas.
Je l´ai vu naître.
Ses cheveux brillant empêchaient la lumière de passer au travers d´eux. Ils tombaient sur ses seins nus et elle posait pour les peintres. Les hanches parfaites et les jambes d´une jeune jolie fille faisaient tomber jaloux les chevalets de toute la ville. Elle était modèle, la nature avait fait dans elle la beauté, mais aussi la grâce pour conquérir les arts.
Les jeunes artistes se brûlaient dans son charme et elle faisait partie de leurs oeuvres.
C´était comme cela qu´elle a commencé à gagner un certain argent. Mais elle prenait plus de plaisir quand elle pouvait voir sans rien dire et apprendre de ce qu´elle observait. Les pinceaux se brossaient de ces doutes quand elle était là.
C’est aussi comme cela qu’elle a commencé à s’intéresser à la peinture. Connaître de nouvelles techniques, conquérir l´originalité et verser dans un talent qui dormait depuis toujours en elle. Elle n’était qu´une adolescente.
Mais oui, peut être que je l´ai vu naître.
Quelques années avant cet événement, il y avait une jeune femme. Un été plein de soleil qui lui fit connaître un homme. Elle avait trouvé l´amour de sa vie. Mais parfois l´amour n´est pas le meilleur conseiller pour la sagesse.
Cet homme faisait parti de sa famille. Il était lui aussi marié. Ils se connaissaient bien. Leurs parents avaient des liens de parentés. Mais il a dû voyager et travailler à l´étranger. Un jour, il est revenu des pays lointains, et ils se sont de nouveaux revus. Ils n’étaient plus deux jeunes adolescents. Elle, elle était devenue une jolie femme et lui, un jeune homme plein d’énergie et d´envie.
Des balades à coté du fleuve, des fleurs, des arbres avec des fruits, un amour secret, ressentir les premiers véritables mots d´amour, les premières caresses aveugles, une salade d’étoiles qui se mélange avec leurs jeunes corps, les lèvres de l´homme cherchant la peau tiède de la femme aimée et interdite, une peau claire sur laquelle on baptisait la mémoire, peau qui la garderait toujours en elle. Les jeux endormaient les responsabilités, les obligations et la réalité.
La jeune fille commençait à se sentir libre, sans la pression d´une famille qui ne lui avait permis de connaître de la vie que des obligations morales, des faire-semblants, des envies cachées, une résignation a une vie pour laquelle elle était prédestinée. Peut être sa première rébellion, pour lui aussi. Ils s’étaient depuis trop longtemps laisser diriger par la morale, par leurs parents…maintenant le destin leur donnait une opportunité, celle de la folie, celle de la liberté.
Le jeune homme lui a fait connaître le véritable plaisir et elle s´est laissé aller à une danse de sensualité.
Le soleil touchait sans peur ni honte les cheveux de la femme, la chaleur l’incitait à se débarrasser petit à petit de ces vêtements, les corps se cherchaient.
Dans un coin, à proximité du fleuve, loin du monde des hommes, les deux amants découvraient l´ amour. Lui, ces doigts ouvraient un à un les boutons de sa robe de son aimé et ces mains jouaient chaque fois plus profondément dans son corps.
L´herbe à su rester en silence pour entendre les soupirs des deux êtres qui perdaient la honte et se concentraient dans la partie la plus charnelle de l´âme.
On a tout oublié. Les deux se sont mélangés dans une recherche et mis à jour avec les lèvres du plaisir. Se sentir l´un dans l´autre était le commencement d´une addiction irrésistible.
On a appris à se connaître, à se chercher, à se cacher. Peut importe l´heure, le lieu, l´excuse, rien n’aurait pu les arrêter.
Parfois il avait même été invité à manger avec d’autres personnes à notre table. Parfois il venait avec son épouse. Parfois elle était avec son futur mari. Mais personne n´imaginait ce qui était entrain de se passer entre eux.
Un regard était suffisant pour savoir ce que l’autre voulait. Elle se levait de table sous un prétexte quelconque comme si la chaleur l’importunait, lui, il la suivait pour prendre soin d´elle.
Dans sa chambre, tout était plus facile. De l´honneur, ils en faisaient des tartines brûlées beurrées de passion. Il se jetait comme un kamikaze et serrait sa poitrine entre ses mains. Goûtait avec sa langue la beauté d´un miracle sans oreilles, et cherchait sous sa jupe un papillon qui s´ouvrait sans peur. Elle aimait le sentir dans elle, sentir l´humidité et ce nouveau parfum .
Très souvent ils descendaient les grands escaliers de la luxueuse demeure, et on disait que tout allait bien juste un petit problème passager. Qu’elle se sentait déjà beaucoup mieux.
La complicité se versait sous leurs pieds et aimait bien à sentir une eau spéciale débordante de vie se glisser sur le visage intérieur de ses jambes. C´étais immoral, sûrement anormal, mais tellement délicieux.
Tout était dangereux, ils auraient pu être vu, surpris. On peut imaginer le scandale que cela aurait provoqué, ils n’osaient même pas y penser. Mais cette situation dangereuse procurait aux amants encore plus de plaisirs, plus de désirs.
Ils jouaient comme lorsqu’ils étaient encore adolescents, mais aussi différemment.
Les jours s´étaient écoulés et l´été arrivait à sa fin. Ils se devaient lui comme elle, de s’en retourner à leur vie habituelle.

Son corps qui s´accrochait à lui maintenant comme on peut s´accrocher à un nouveau miracle, mais ce n’était pas une chose pour les soutenir.
Cette jeune femme habitait dans une grande bâtisse, autour d´elle un futur prometteur avec quelqu´un de son niveau social. Elle était prédestinée pour le bien-être, le confort et une bonne vie. La séduction d´un homme qui n'était pas son promis l´a porté à une montagne de bonheur, de malheur et le destin ont voulu la transformer.
Ses parents ont parlé avec elle. On dirait plutôt, qu´elle a parlé avec ses parents. Son fiancé, l´homme correct avec qui elle devait vivre le restant de sa vie viendra pour la visiter, mais on a organisé une parenthèse, une parenthèse pour faire naître ce bébé, ce bébé non désiré.
Elle était partie loin, on a dit, on a expliqué, qu’elle devait finir des études spéciales. Tout le monde l’a cru ou a fait semblant de le croire. Sa famille, étant toujours bien respectée, pour son prestige ne pouvait pas se permettre une situation comme cela
Elle était partie à la campagne. Elle marchait souvent seule. Elle parlait avec son futur bébé, son ventre qui chaque jour prenait du volume. Elle était presque perdue, dans un village qu´elle ne connaissait trop, avec une famille qui l´aimait bien. Elle racontait à cette petite chose en formation sa vie. Elle demandait de lui pardonner.
L´automne montrait ses jambes au travers du vent. Celles de l´automne sont toujours jaunes et marron, elles ont susurré à la femme le prénom du bébé « Sybille ».
L´automne était comme moi, très doué pour la mythologie grecque, les Sibylles pour les Grecs étaient des vierges qui pouvaient tout deviner, qui avaient plus de sensibilités pour savoir, pour connaître les choses non connues par les autres. C´était comme Libisa, la première Sybille... fille de Zeus.
« Ton bébé sera prédestiné à toucher le futur des hommes, elle va naître avec Delphos entre les doigts... » se disait-elle à elle-même.
« Mais j´espère qu’elle ne sera pas vierge, cela serait trop ennuyeux, elle sera trop belle.. » l´automne avait un certain sens de l´humour.
Sybille faisait venir l´hiver qui était entrain de se rassurer les idées dans sa chambre. Il était aussi fasciné par cette petite personne, mais il était plus calme, il se résignait, il s´habillait avec un manteau orange, il était bouddhiste.
Ce n'est pas bon son karma, mais cela va la faire plus forte, elle parviendra très rapidement au nirvana.
« Je ne veux pas le nirvana, je veux une bonne vie.. » protestait Sybille. Elle n´était pas bouddhiste, elle était seulement vivante et elle aspirait déjà ses choses.
Les chansons de Noël se collaient aux oreilles de la mer et ne voulaient pas se laisser écouter.
La maman de Sybille était fatiguée, elle attendait une réponse, peut être du destin, mais le destin n’était pas chez lui, il était parti pour passer des vacances au soleil et bronzer un peu.
Elle n´était pas habituée à une vie comme cela, sa maison lui manquait, le piano sur lequel elle jouait, ses parents, ses jolies robes, les domestiques...elle attendait avec impatience la venue de Sybille.
Le froid s´écrasait contre les fenêtres mais restait dans le corps de la future mère. L´humidité, la pluie, l´odeur spéciale qui venait de la grande cuisine provoquaient encore plus l´envie d’en terminer avec cette situation.
Les larmes à la nuit se parlaient entre elles. Elles savaient bien que dans l'intérieur de cette femme, son instinct lui disait de prendre son bébé et de faire sa vie. Mais elle n'avait pas de courage, elle avait peur, elle n'était qu´une femme sans trop de droits, que ses parents avaient promise à un beau mariage.
« Comment pourrai-je me faire pardonner de mes parents si je décidai de garder avec moi ma fille ? Comment pourrai-je oublier la honte pour moi et ma famille ? Qui pourra encore m´aimer après cela? Comment pourrai-je faire une vie comme fille mère avec un enfant , seule et hait des miens? ». Elle se posait tant et tant de questions.
Une petite voix intérieure lui susurrait« On peut maman...nous vivrons seulement différemment… peut être dans une petite maison… sûrement sans fille de ménage partout avec un travail pas trop génial...mais, pourquoi pas. Le principal, c’est que je puisse rester avec toi. Tu verras quand tes parents pourront me porter dans leurs bras ils changeront d´avis. J´irai à l´école, j’apprendrai à cuisiner pour toi, je ne porterai peut-être pas de jolies robes mais nous serons ensemble.. ». Sybille était très convaincante.
Sa mère se disait « Mon fiancé doit pas ignorer cette situation, il me réserve une bonne vie, il m´offre une grande demeure. Les préparatifs pour mon mariage ont déjà commencé, une jolie robe blanche, toutes les invitations, et les personnes pour aider à la maison. Imagine toutes les fêtes auxquelles je pourrai assister, tout le prestige que j’aurai. A tout cela, j’y suis habitué et je ne saurai pas vivre autrement ».
La petite voix au creux de son ventre lui rétorquait« Mais je serai avec toi, je suis ta fille. Peut être que ton fiancé acceptera ma présence. Peut être que je pourrai être un membre de la famille. Je fais déjà partie de toi , je viens de ta chair ». Sybille était trop petite pour être sage, ou peut être pas assez sage pour être petite. Et pourtant, elle était si petite qu’elle n'était pas encore, mais elle pensait déjà, elle essayait minute après minute, jour après jour, de convaincre sa mère.
La vie écrivait comme toujours son premier chapitre dans la douleur, c´étais comme cela qu’elle a tiré les petits pieds de Sybille pour naître.
L´hôpital était blanc , blanc comme la neige à l´extérieur, blanc comme la robe de mariée de sa maman. Comment l´âme de la petite fille griffait l´existence avec ses larmes. Comment pouvait-elle déjà imaginer Sybille comme bon son destin. Sa mère n´a pas voulu la voir. Sa famille avait pensé à tout, organisé, planifié, la naissance sous X, son entrée à l´orphelinat, même l’oubli avait été préparé. Sybille protestait, hurlait, pleurait mais tout était déjà inutile.
L´orphelinat était comme la grande bouche d´une nuit sans étoile, une bouche qui mastiquait les illusions, les espoirs, les sentiments, une bouche pleine de caries à soigner, mais les dentistes n’étaient pas là. Les caries font des trous dans les esprits des enfants, des trous dans leurs cœurs, des trous de mémoire chez les personnes qui les y ont abandonnées. Mais parfois c´est comme cela la vie.
La couleur grise brûlait toutes les autres couleurs dans cette grande maison. Les enfants étaient pour certains « des enfants d’erreurs » et pour d’autres n´avaient même pas le droit d´exister.
Il y avait des personnes qui travaillaient pour garder les enfants, leur donner quelque chose à manger et les aider à survivre.
Charles était un petit enfant de 6 ans qui n´avait pas été adopté, il était né avec une infirmité à la jambe et il marchait un petit peu en boitillant. A cause de cela personne ne voulait l´adopter, l’aimer, ne lui donner ne serait ce qu’un petit peu de chaleur humaine. Il restait là-bas, il a vu entrer à la nuit Sybille lorsqu’elle était venue pour la première fois.
Il était coincé dans une grande salle avec les enfants les plus grands, mais il savait assurément comment s´échapper, il éprouvait de la curiosité, il voulait aller la voir. C’était pour elle sa première nuit en gris et elle pleurait.
« Faut pas pleurer ». Lui disait le petit garçon en même temps qu’il la protégeait avec sa mauvaise et sale couverture de son petit lit de fer a barreaux. « Si tu pleures, peut venir une des femmes et te frapper . Tu dois faire attention avec elles, elles ne sont pas toujours gentilles, mais tu vas voir, tu vas t´habituer, si tu vas voir. Si tu n´es pas sage, on te punira, tu resteras sans manger et parfois t’obligera à rester dans une petite chambre sans lumière pour nous faire prier et nous faire pardonner par dieu dont on ne sait de quels pêchers, peut être uniquement de celui de respirer. Un jour j´avais écouté que c´était à cause de nous qu’arrivaient les mauvaises choses. Que nous sommes venus des pécheurs. Je ne savais pas ce que cela signifiait, mais cela ne doit pas être bon. Je pense que ce sont des mauvaises personnes. Mais je ne pense que mes parents sont des mauvaises personnes ». Charles se cachait et susurrai à l’oreille de cette petite nouvelle amie. C’est comme cela ,qu’avec ces mots, Sybille a fini par s´endormir. Mais bientôt elle a eu encore faim et elle s’est mise de nouveau à pleurer. Personne n’était venu pour la protéger, pour la caresser, pour la nourrir, seule , désespérément seule en compagnie de ce gris .
Charles était dans le grand jardin avec d’autres enfants de son age et d’autres plus petits. Ils étaient mal habillés pour la température. Ils portaient dans leur chair la croix des malchanceux, mais ils ne savaient encore ou feignaient de l’ignorer. Oui, peut être que oui, ils le savaient déjà.
Le printemps venait mais les fleurs étaient mortes pour eux. Un petit rayon de soleil caressait les petits corps de ce groupe si nombreux. On dirait que les uns soignaient les autres. Ils avaient déjà compris qu’ils devaient se protéger mutuellement et ne compter que sur eux même.
- Je ne voulais pas manger ma soupe en cet après midi, j´ai vu dans mon assiette qu´il y avait des petits animaux, des cafards ou une chose comme cela. J´avais des nausées. Je l’ai dit à la surveillante, mais elle m´a administré une claque et elle m´a blessé l´oreille.. ». C’est ce que racontait un autre petit qui parlait avec Charles.
-Oui. J´ai vu ça, mais tu ne devrais pas le dire, je t´ai gardé un morceau de pain.
Il a mis la main sous son vieux pull, l’a pris et l’a donné comme un grand cadeau a son copain. Il a mangé cette chose comme si c’était la plus délicieuse de la terre. Charles était un vétéran, un survivant officiel, jamais dans sa vie il n’avait connu comme les autres, une seule caresse, jamais entendu un mot doux, jamais reçu un baiser..
Parfois il aidait la cuisinière, une femme grosse et forte, mais qui avait plutôt un bon cœur. Alors, c’était parfois l’occasion d’obtenir plus de choses à manger, et il gardait cette manne inopinée sous sa paillasse, des morceaux de pain dur, des bouts de viandes sèchées et d’autres trucs comme cela. Souvent, il en redonnait aux moins chanceux que lui lorsqu’ ils avaient été privés de nourritures à cause d´une punition.
Charles allait visiter de temps en temps Sybille. Il parlait avec elle comme si c´était un de ses camarades. Et ces bavardages du petit enfant la rassuraient. On dirait qu’elle s´habituait à son nouveau copain. Elle s´intégrait de plus et plus, elle n’avait guère d’autres choix.
-Tu vas voir, tu vas être adopté par une bonne famille, tu auras une mère un père...Un jour j´étais proche d’être adopté, mais, mais le père n´a pas voulu de moi parce qu´il a dit que je n’étais pas bien. On m´a tout le temps refusé du fait que je ne peux pas bien marcher avec mes jambes. Mais toi...tu es jolie, et tu es un magnifique bébé. Tu vas voir...Tu auras une famille...
Effectivement elle était sortie de l´orphelinat. Une famille avait obtenu sa garde temporaire en attendant l’adoption qui ne pouvait se faire avant la fin de la première année d’abandon. Sybille fit la connaissance de sa première famille d’accueil, mais l’accueil fut tellement chaleureux qu’elle a dû aller en très peu de temps à l´hôpital à cause d’un manque d´attention et de soin de cette famille. Elle était devenue rachitique, elle était vraiment malade, Sybille, probablement, grâce aux enseignements de son ami Charles, avait commencé aussi sa carrière de survivante. Elle a décidé de gagner sa propre guerre contre la mort et de réussir.
Elle commençait à redevenir un bébé tout à fait normal et adoptable. Une famille de la région lilloise se trouva être candidate à cette adoption. Malheureusement à cette époque les critères pour l´adoption n´étaient pas aussi compliqués que ceux d’aujourd’hui, il y avait tant d’enfants abandonnés après cette satanée guerre, que la DASS n’était pas trop regardante et pouvait confier un bébé à n’importe qui.

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