Depuis les temps barbares, le bouillon est associé à la soupe. Avant la dernière guerre, elle assurait encore le quotidien des paysans français. On mettait une tranche de pain au fond de l'assiette, et l'on versait dessus le bouillon cuit dans un pot. Le mot suppa, du francique, s'employait en bas latin, et a conservé sa première signification dans le néerlandais Sopn, tremper. Cette habitude de la mouillette était fort répandue au Moyen Age. On trempait le pain dans le bouillon, mais aussi dans les sauces et le jus de viande. Dans les maisons les plus riches, on disposait une épaisse tranche de pain, le tranchoir, sur lequel on posait les morceaux de viande. Le luxe consistait alors à ne pas manger ce pain, mais à le jeter aux chiens ou à le donner aux pauvres. Il en reste aujourd'hui le rituel, toujours favori des enfants, de la mouillette dans l'œuf à la coque.
C'est dans ce sens originel du mot soupe qu'il faut comprendre l'expression ancienne, puisqu'on la retrouve dès le XVIIe siècle, mais toujours actuelle : être trempé comme une soupe. C'est être complètement mouillé par la pluie comme l'est une soupe par le bouillon.
Lorsque le bouillon s'enrichit de légumes, de morceaux de poisson et de viande, il devient garbure, minestrone, panade. Par ici la bonne soupe !, dit-on pour signifier «à nous les bonnes choses». La soupe symbolise alors le profit dont on jouit... ou que l'on perd. Selon qu'on la prononce ou qu'on l'entend, l'expression peut s'inverser et signifier : préparez-vous à déguster, à trinquer, c'est-à-dire à souffrir de quelque mauvais coup. On trouve encore chez Balzac l'expression tremper une soupe à quelqu'un, utilisée dans ce sens.
Cracher dans la soupe est du dernier mauvais goût, et signe d'ingratitude puisqu'il signifie «mépriser ce dont on tire avantage». Quant au gros plein de soupe, injure immortalisée par le perroquet dessiné par Hergé dans les albums de Tintin, c'est quelqu'un qui sait tirer profit de ce qu'il mange.
Cela arrive comme un cheveu sur la soupe : l'expression est sans doute assez récente, puisque le terme soupe est ici utilisé dans son acception moderne de «potage» : alors que la langue caressant la cuiller anticipe la chaleur et la douceur du bouillon, un détail vient casser le jeu de l'attente et du plaisir.
La pomme d'Adam, saillie du cou masculin due au développement du cartilage thyroïde, serait le morceau de pomme qu'Ève fit croquer au malheureux : cela lui est resté au travers de la gorge, ainsi qu'à tous ses fils ! Au XVIIe siècle, on disait aussi «le morceau d'Adam».
Parmi les pommes mythologiques, on retiendra aussi la pomme de discorde citée par Agrippa d'Aubigné, au XVIe siècle. C'est la pomme que le pâtre Pâris dut attribuer à la plus belle des déesses lors d'un concours de beauté. Il avait le choix entre Héra, Athéna et Aphrodite... et la polygamie n'avait pas droit de cité en Grèce. La catastrophe était donc inévitable : il choisit Aphrodite, ce qui déplut aux deux laissées-pour-compte, qui déclenchèrent la guerre de Troie.
La pomme de Guillaume Tell est une allusion à l'arbalétrier suisse. Ce bon père ne s'est pas trompé de pomme. Et, comme chantait Maurice Chevalier, ma pomme c'est moâââ, l'expression se conjugue : on dit aussi ta pomme ou sa pomme. Apparue chez les voyous vers 1890, elle tire son origine de l'utilisation du fruit, comme la poire ou le melon, pour désigner le visage. On la retrouve dans se sucer la pomme ; on préfère aujourd'hui se sucer la pêche, ou la poire, mais c'est tout comme !
L'interjection c'est bien fait pour ta pomme ! généralise le mot de pomme, qui désigne alors familièrement la personne entière. C'est un euphémisme pour «c'est bien fait pour ta gueule», qui appartient au registre très familier. Prendre quelqu'un pour une pomme est le prendre pour un cornichon, un niais, un nigaud.
Haut comme trois pommes, ce n'est pas très haut, mais plus que trois pommes à genoux, comme on se plaît parfois à préciser ; ou encore, sans doute par souci de précision, comme deux pommes et demie (Colette, 1910) : on emploie cette expression pour les enfants sur lesquels on s'attendrit.
Quand quelque chose est aux pommes (1967), c'est parfait, O.K., aux petits oignons, au poil ; c'est facile, c'est du gâteau !, c'est de la tarte, de la tarte aux pommes. L'origine de l'expression vient probablement de là.
Tomber (être) dans les pommes, «s'évanouir», est une expression récente (1889), mais mystérieuse. A. Dauzat, et après lui M. Rat et P. Guiraud, ont supposé, fort logiquement, qu'il fallait voir là une altération de «tomber dans les pâmes» (se pâmer, tomber en pâmoison, du latin spasmus, spasme).
http://www3.humnet.unipi.it/francese/Lecon4/Lecon_4f.htm
1 comentario:
wi tout est beau bon dans la pomme meme les reves ..enfin certains ....
merci et bravo Senora Croqueuse de pommes
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